11 novembre 2022
Mesdames et Messieurs,
Nous commémorons aujourd’hui le 104ème anniversaire de l’Armistice du 11 Novembre 1918, ce jour qui vit, à 11h du matin précisément, la suspension des hostilités entre les belligérants, mettant ainsi fin à un conflit de plus de quatre ans qui aura coûté à la France près d’un million sept cent mille morts militaires et civils et plus de quatre millions de blessés.
Nous célébrons plus largement la victoire et la paix, conformément aux termes de la loi du 24 octobre 1922 qui a fait du 11 novembre un jour de fête nationale. Depuis un siècle donc, cette célébration compte parmi les grands rendez-vous mémoriels de notre République.
Elle est en effet l’occasion de nous souvenir de ce que fut la Grande guerre, de ce que fut l’unité de la Nation durant quatre années, et de ce qu’est le sacrifice de ceux qui donnèrent alors leurs vies pour que la France demeure et que la République perdure. C’est d’abord à ces combattants que nous rendons hommage aujourd’hui. Le fait qu’il n’existe plus aujourd’hui de vétéran de la première guerre mondiale ne retire rien à la valeur et à la résonnance de cette commémoration : la date du 11 novembre 1918 demeure profondément gravée dans la mémoire collective et nous en restons les héritiers.
Depuis 2012, le 11 novembre est plus largement un jour d’hommage à l’ensemble de ceux qui sont « morts pour la France » qu’ils soient civils ou militaires, qu’ils aient péri dans des conflits actuels ou des conflits anciens, y compris ceux qui sont décédés au cours d’opérations extérieures. Faut-il rappeler qu’aujourd’hui, quelque 30 000 militaires sont engagés dans des opérations, dont, au premier semestre de cette année, plus de 7 300 sur des théâtres extérieurs.
Les noms de ces morts pour la France depuis l’année dernière seront appelés dans quelques instants. Nous les écouterons avec le respect qui leur est dû.
Le 11 novembre n’est enfin pas seulement un jour de souvenir et d’hommage. Il nous invite aussi à prendre la mesure des enjeux du présent.
Aujourd’hui, notre environnement est bouleversé par l’acte d’agression, d’invasion et d’annexion de la Russie contre l’Ukraine. Permettez-moi de citer ici les propos que tenait, le 9 novembre dernier, le Président de la République lors de sa présentation de la revue nationale stratégique : « la guerre est en Europe, avec ses risques d’escalade, ses licences, ses effets mondiaux. Elle coiffe une décennie de désinhibition de la violence, d’extension des confrontations à tous les domaines. Elle marque aussi un saut sans précédent dans l’univers hybride, qui est certes aussi vieux que la guerre, mais dont certaines puissances ont su intégrer et décupler les pratiques néfastes à l’ère digitale. L’agression contre l’Ukraine enfin risque de préfigurer de plus vastes rivalités géopolitiques à l’avenir » (…). « Ce qui se joue en Ukraine n’est pas seulement une illustration des tendances déjà à l’œuvre. C’en est une illustration massive et, à certains égards, une clarification d’autres aspects » (…). « Cette guerre clarifie l’état du monde dans lequel nous sommes, l’affaiblissement des normes et des tabous, l’ivresse des appétits et elle qualifie ce moment dangereux où l’équilibre ancien est contesté et le nouveau n’est pas atteint ».
Dans ce sombre tableau, nous savons aussi que le Japon, qui nous accueille, n’est pas épargné par les tensions régionales et les menaces.
Dans ce monde en bouleversement, la France entend rester, comme l’a rappelé encore le Président de la République, une puissance d’équilibre qui assume ses responsabilités et contribue, en partenaire fiable et solidaire, à la préservation du multilatéralisme et du droit international. C’est en particulier ce qu’elle fait aujourd’hui en contribuant au renforcement de la posture défensive de l’Alliance sur son flanc oriental.
Mesdames et messieurs,
Je vous remercie de votre présence ce matin, ainsi que de votre engagement au quotidien pour notre communauté française au Japon. Je salue notamment la présence de représentants du Lycée français international de Tokyo et du Souvenir Français qui contribuent au devoir de mémoire et à la sensibilisation des jeunes générations.
Je voudrais également adresser tous mes remerciements au Colonel Tarvainen, attaché de défense près l’Ambassade de Finlande, qui a bien voulu se joindre à notre cérémonie ce matin. Sa présence nous honore. Elle nous rappelle également les valeurs et la solidarité qui nous lient, dans le cadre de nos Alliances et de nos coopérations de défense.
Je vous remercie de votre attention. Vive la République. Vive la France.
