Accueil > Archives > France - Japon > 2019 > Rencontre avec la communauté française au Japon
Rencontre avec la communauté française au Japon [ja]
Le Président de la République est arrivé ce mercredi 26 juin 2019 au Japon. Le premier jour de ce voyage officiel, le Président Emmanuel Macron est allé à la rencontre des citoyens français installés au Japon.
La communauté française au Japon est importante : elle compte plus de 15 000 citoyens. Cette présence participe directement et activement à tisser chaque jour le lien d’amitié qui existe entre le Japon et la France.
Sur le plan industriel et économique, de nombreux cadres français sont établis au Japon et contribuent à faire rayonner le savoir-faire français. Air Liquide, Axa, Saint-Gobain, Air France, LVMH, Chanel, L’Oréal, Rhodia, Total, France Télécom, Michelin, Schneider Electric, Thales, Dassault, … les plus grandes entreprises françaises sont représentées. L’industrie du luxe et la gastronomie y occupent une place de premier rang. L’excellence française s’exporte !
Sur le plan culturel et scientifique, des créateurs, enseignants et chercheurs français se rendent régulièrement au Japon, attirés par cette culture unique qui conjugue le goût de traditions intactes et « en même temps » un sens poussé de l’avant-gardisme, un regard tourné vers l’avenir.
Retrouvez le discours du Président de la République à la communauté française au Japon :
Discours du Président de la République, M. Emmanuel MACRON, à la communauté française de Tokyo
26 juin 2019 - Seul le prononcé fait foi
Bonjour à toutes et tous et pardon de vous avoir fait attendre. Je suis très heureux d’être là parmi vous, très heureux, de retrouver cette maison et merci Monsieur l’ambassadeur de nous accueillir.
Je remercie les ministres, les parlementaires, les chefs d’entreprise qui constituent cette délégation. Heureux de vous retrouver parce que c’est une communauté française que je connais et qui a toujours porté avec vitalité la relation bilatérale et c’est pour ça que je souhaitais d’abord et avant toute chose, avant de commencer un programme dont je vais vous parler vous retrouver si je puis dire et passer ces instants avec vous. Pour certains ça fait quelques mois, pour d’autres des années, pour certains des décennies que le Japon est une histoire d’entreprise, d’investissement ou d’amour, parfois tout ça ensemble. Cette communauté de 10 à 15 000 Français qui est installée là c’est celle qui fait vivre la relation bilatérale, qui porte ce lien et je voulais vous dire tout notre engagement à vos côtés. D’abord c’est une communauté qui est un peu particulière et tous ceux qui s’engagent de manière forte dans cette solidarité en sont le témoignage et je voulais les en remercier. Autour de l’ambassadeur, de son équipe, de l’ensemble des consuls et de tous les services de l’ambassade, avec les parlementaires ici présents, les conseillers consulaires ici présents aussi et que je remercie, il y a véritablement un travail collectif remarquable, le travail de nos lycées français aussi, je sais tous les projets qui sont prévus pour le lycée de Tokyo compte tenu de la dynamique de la communauté et c’est un sujet auquel nous tenons beaucoup avec le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et un très gros travail qui a été fait avec Jean-Michel Blanquer pour continuer aussi à accompagner vos enfants, les enseignants et continuer à porter l’ambition française. J’annoncerai dans quelques semaines des nouvelles perspectives pour qu’on continue à faire rayonner partout l’enseignement français pour nos compatriotes et leurs enfants mais plus largement pour que nous fassions aussi rayonner notre pays un peu partout dans le monde parce que c’est je crois ce qui est attendu de nous.
Et puis parler de cette communauté française, de vous c’est aussi parler de la dynamique des entrepreneurs. On a, je crois, la deuxième CCI à l’étranger la plus grosse au monde qui a fêté il y a pas longtemps son centenaire. J’ai pu apprécier par le passé sa force et son dynamisme. L’engagement de la Chambre de commerce et d’industrie franco-japonaise, les conseillers du commerce extérieur, de tous les entrepreneurs, l’esprit d’initiative qu’il y a eu ici avec Business France et toutes les structures pour mettre en place tout de suite une équipe française de la compétitivité, de l’attractivité, est un exemple pour beaucoup de nos communautés à l’étranger et je voulais vous en remercier. Je ne mésestime pas pour autant les difficultés que certains vivent et je voulais aussi avoir un mot de cela. Je sais les difficultés des pères français séparés de leurs conjointes japonaises et la souffrance qu’ils vivent pour retrouver, partager la vie de leurs enfants, là-dessus il y a un très gros travail qui est fait par l’ambassade que nous menons aussi sur le plan consulaire pour, au-delà des pratiques, des habitudes qui sont parfois installées dans les mœurs, que les droits de chacun puissent être défendus et je voulais leur dire que nous sommes aussi à leurs côtés et que nous continuerons à mener ce combat. Et puis je veux également avoir une pensée pour notre compatriote Tiphaine Veyron ainsi que pour les parents de celle-ci et toute la famille, je sais d’ailleurs que beaucoup ici ont aidé la famille pour venir sur les lieux, nous nous sommes déployés, j’en ai parlé avec le premier ministre Abe lorsqu’il est venu il y a quelques mois, il y a une coopération exemplaire qui s’est mise en place, la police française a pu coopérer. C’est une tragédie mais je veux ici dire à sa famille et ses amis que nous poursuivrons tout ce qui est en notre pouvoir, en notre mesure d’être fait pour avancer.
C’est vrai qu’une communauté comme la vôtre, la nôtre elle est faite d’ambitions, de joies, de conquêtes et parfois de drames mais c’est tout ça qui la lie et c’est à ses côtés que nous sommes. Alors être ici parmi vous aujourd’hui c’est évidemment faire vivre cette relation bilatérale, essayer de lui donner avec le ministre, les parlementaires et l’ensemble des entrepreneurs qui sont avec nous comme des artistes une nouvelle force parce que ce lien, celui dans lequel vous avez inscrit votre vie, votre engagement ou quelques années c’est un lien très profond, je crois pouvoir le dire, qui unit nos deux pays. Et ça n’est sans doute pas un hasard si la visite que nous effectuons aujourd’hui est la seconde de l’ère Reiwa, la seconde que donne le nouvel empereur après la visite il y a quelques semaines du président Trump et elle montre la force, la vitalité de nos liens et le caractère stratégique de ceux-ci. D’abord parce que je pense que nous sommes deux peuples très résilients qui avons pu connaître des drames dans nos existences mais qui à chaque fois avons su relever avec force ceux-ci et qui marient la capacité à innover, la force du projet politique et des sociétés politiques très structurées et un goût prononcé pour ce qui est la culture et la résonance entre celles-ci. C’est Claudel qui disait, amoureux du Japon qu’il était comme d’ailleurs de tout le continent, que nos âmes peut-être plus qu’ailleurs étaient en résonance. Alors la résonance entre la France et le Japon n’est pas la ressemblance et il y a même un goût pour l’étrangeté qui nous unit mais je crois pouvoir dire qu’il y a une forme de fascination réciproque et qui se lit d’ailleurs à travers l’histoire même de nos cultures de nos arts, la fascination que les artistes japonais ont pu avoir pour l’art occidental et en particulier l’art français, que nos artistes ont pu avoir dans d’autres temps – les impressionnistes ont été ô combien inspirés par les artistes japonais et on revoit même dans leurs tableaux la présence des estampes d’Hokusai et de quelques autres – et il y a comme ça des traces et des personnalités de proche en proche de ces échanges, de ces liens, au fond de cette correspondance d’âme qui est la nôtre. Et elle a vécu dans la peinture, elle vit de manière constante dans l’architecture, le prix Pritzker a été remis à Paris il y a quelques semaines et à nouveau c’était un japonais, et beaucoup d’architectes français essaient aussi de plus en plus de travailler ici, certains ont déjà été récompensés, et il y a dans nos littératures, dans nos gastronomies, dans la culture entrepreneuriale qui est la nôtre quelque chose de ces correspondances.
C’est aussi pour ça que j’ai voulu que ce voyage soit marqué par la reconnaissance de la profondeur de ce lien et donc nous aurons un temps demain économique très fort avec les entrepreneurs qui sont là, les entreprises et je les en remercie qui ont passé du temps et de l’engagement à m’accompagner, avec les investisseurs et nous irons développer notre vision, nos ambitions pour aller plus loin dans le lien bilatéral de l’agroalimentaire aux nouvelles technologies, des services bancaires aux structures de transport, des entreprises de l’énergie et des services. Mais nous avons aussi une forte délégation culturelle et créative. Nous irons à Kyoto dans l’atelier de maître Moriguchi, un autre de ces points de passage, trésor vivant mais ami de Balthus et élève de celui-ci qui illustre la force et la vitalité de cette relation. Je passerai un long moment aussi avec la délégation culturelle qui m’accompagne à justement aller au contact des architectes, des artistes japonais parce qu’il y a une part de la réponse commune aux défis contemporains qui se jouent dans ce dialogue. J’en suis très profondément convaincu parce que nos deux nations sont des nations de créativité, d’innovation et que les partenariats que nous pouvons nouer sur le plan culturel comme sur le plan économique peuvent porter, je le crois très profondément, une part de la réponse aux défis contemporains qui sont les nôtres et c’est cela aussi qui s’inscrit pleinement dans l’agenda que je veux ici développer et sur lequel je reviendrai.
La visite au fond ici à trois principaux objectifs d’abord établir une feuille de route de notre partenariat pour les 5 prochaines années. Beaucoup d’entre vous la font déjà vivre par votre activité, votre présence, votre force mais nous voulons des coopérations plus fortes et concrètes dans le domaine économique, de l’Innovation, de la transition écologique, de la sécurité de la défense, de l’éducation et de la culture. Nos acterons tout à l’heure avec le premier ministre Abe de nombreux accords dans ce domaine et je pense que c’est un élément important pour l’image de la France au Japon qui doit correspondre à ce que nous sommes très profondément et à ce que beaucoup d’entre vous font vivre terres d’innovation, d’attractivité, d’entrepreneuriat, de culture de part et d’autre. Et dans ce cadre-là évidemment je passerai aussi des messages très clairs et forts sur les grands projets structurants de notre amitié industrielle. À ce titre, j’ai eu l’occasion de le rappeler un instant devant la télévision japonaise, mais l’alliance Renault-Nissan est évidemment un fleuron auquel nous tenons beaucoup, et le président Sénart sait bien ici. Je souhaite que tout le monde soit pleinement engagé et je le dis parce que pour les salariés du groupe qu’ils soient japonais ou français ils tiennent à cette histoire industrielle comme nous, ils tiennent à ce qu’elle a apporté à nos deux pays. Je crois qu’ils se souviennent tous du fait que c’est une grande entreprise française qui a sauvé cette entreprise japonaise et qui l’a sauvé avec le respect des traditions et des équilibres et qu’on a constitué ainsi un géant et une force qu’il nous faut non seulement préserver mais dont il faut développer les synergies et les alliances dans tous les sens du terme pour la rendre plus forte face à la concurrence internationale. Et donc c’est ensemble que nous devons faire.
De la même manière nous devons faire face au défi de l’intelligence artificielle, du numérique – et là aussi la feuille de route sera engageante sur ce point –, des nouveaux services énergétiques et nous aurons des engagements communs sur le plan culturel. Je souhaite aussi que vous soyez pleinement associés et engagés dans la saison culturelle française au Japon en 2021. Nous avons eu “Japonismes” qui a été un vrai succès et qui a permis de consacrer tous ces liens que j’évoquais tout à l’heure. Cette saison culturelle française au Japon en 2021 elle doit nous permettre de faire rayonner justement cette liberté, cette inventivité française des artistes, des métiers d’art et en particulier celles et ceux qui m’accompagnent aujourd’hui qui sont un autre point de passage du développement de la relation.
Dans cette feuille de route nous aurons aussi un lien tout particulier sur le plan sportif parce qu’évidemment il y a la préparation des Jeux olympiques de Tokyo en 2020 et de Paris en 2024 et ce relais, si je puis dire, est aussi un élément qui doit nous permettre de développer les partenariats sportifs, organisationnels mais aussi économiques parce que c’est de l’activité et c’est pour nous des coopérations qui doivent permettre aussi sur le plan technique, sur le plan de la Francophonie de réussir dès 2020 à faire davantage au Japon et aussi à pouvoir pleinement tirer les enseignements de ce que le Japon aura fait en 2020 pour 2024 chez nous. Donc vous le voyez cette feuille de route bilatérale elle est extrêmement riche. Le but c’est de nous donner une nouvelle impulsion à ce que l’on a commencé à consolider, de garder la force entrepreneuriale de la communauté que vous constituez, sur laquelle je vais envoyer un message clair je le ferai demain matin et de pouvoir donner de nouveaux caps, de nouvelles ambitions.
Le deuxième élément important c’est de mettre en place un partenariat franco-japonais dans l’axe indo-pacifique. Depuis un peu plus d’un an c’est un axe que je développe avec beaucoup de force et qui, il me semble, est totalement légitime pour la France et que nous avons jusqu’à présent trop peu joué. La France, au-delà des communautés d’expatriés que vous représentez dans tous les pays de la région, ce sont des territoires indo-pacifiques. De la Réunion à Mayotte en passant par la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, les Terres australes et antarctiques et j’en oublie, nous avons plus d’un million de citoyens français, des terres françaises, plus de 8 000 soldats français qui sont déployés, nous avons une vraie force maritime présente (nous sommes la deuxième marine à nous déployer dans la région proche ici) et donc une vraie légitimité à dire, faire, proposer dans un contexte où, il faut bien le dire, l’inquiétude a parfois été là, les oppositions allaient croissantes, où la présence chinoise inquiétait d’autres puissances. Et ce dialogue productif que nous avons avec la Chine dans lequel nous investissons beaucoup eh bien ne doit pas nous empêcher d’être et de devenir pleinement un partenaire stratégique dans la région des autres puissances. Cet axe indo-pacifique présenté dès mars 2018 à Delhi, en mai 2018 à Sydney c’est celui que nous allons poursuivre et décliner pleinement ici et qui avec le Japon, l’Inde, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et toutes les autres puissances de la région qui souhaitent s’y associer doit nous permettre de bâtir des partenariats sur le plan militaire, sur le plan des équipements, de la présence et du maintien des équilibres dans la région mais aussi des partenariats économiques, technologiques, des partenariats culturels, créatifs et c’est dans tous les domaines une feuille de route que nous devons décliner et c’est celle des équilibres de la région indo-pacifique. Et la France doit être un des acteurs de cet équilibre par le dialogue bilatéral, par le respect qui est le nôtre de chacune des cultures et ce que nous voulons justement construire. Et je crois que cette place très particulière qui est la nôtre de consolider ces équilibres, de nous assurer qu’il n’y a pas d’hégémonie dans cette région mais bien par des projets concrets une sécurité maritime pour tous, des infrastructures équilibrées, une 5G qui ne soit pas monopolistique sur le plan technologique, une protection de l’environnement et de la biodiversité qui permette de répondre aux ambitions de chacune et chacun c’est un élément clé de notre propre stratégie, de nos intérêts mais de ceux de nos partenaires et amis.
Et puis le troisième objectif de ce déplacement c’est d’organiser enfin les échéances majeures à l’international qui sont les nôtres. Et je remercie aussi beaucoup de membres de la délégation qui m’accompagnent sur ce point. En effet nous aurons après cette visite bilatérale un G20 qui se tient à Osaka et la France elle-même est en année de présidence de son G7 qui sera organisé à Biarritz à la fin du mois d’août. Et donc nous devons articuler nos positions mais nous devons ensemble porter une véritable ambition et je crois que le défi pour le Japon comme pour la France c’est dans un monde de fracas où le duopole sino-américain, la tension commerciale qui s’y joue, où les tensions dans la région du Levant en particulier autour de la situation iranienne pourrait nous faire oublier tout le reste c’est de là aussi bâtir un multilatéralisme fort auquel je crois et construire ensemble les réponses collectives aux défis qui sont les nôtres. Et donc pour moi la bataille que je vais mener dans ce G20 et ce que nous voulons pour le G7 c’est d’abord que ces réunions internationales soient crédibles pour construire la sécurité collective et la paix, ça ne peut pas être des réunions inutiles ou des réunions où on constate les tensions. Je souhaite donc que l’on ait des échanges sur évidemment la dénucléarisation de la péninsule coréenne et justement la réponse à la crise en Iran et donc sur ce point les dialogues bilatéraux ont commencé mais je souhaite qu’on puisse très concrètement avancer. Ensuite c’est que nous puissions sur les sujets fondamentaux qui nous lient avoir une ambition commune réaffichée, sur le commerce où cette tension commerciale que j’évoquais ne doit pas être une fatalité. Le G20 comme le G7 doivent réaffirmer la nécessité du multilatéralisme commercial et convaincre tout le monde de se remettre autour de la table, de se remettre autour de la table de l’OMC et de sortir des batailles commerciales et d’intégrer à notre agenda commercial premièrement la renonciation au protectionnisme ; deuxièmement une véritable ambition pour répondre aux défis de respect de la propriété intellectuelle, la lutte contre les surcapacités ; mais troisièmement avoir un agenda cohérent où on dit on veut ouvrir le commerce mais on veut qu’il soit respectueux socialement et environnementalement de nos agendas. Cet agenda complet, cohérent, celui que j’ai défendu il y a quelques semaines devant l’Organisation internationale du travail c’est celui que je veux porter dans ce G20 et qui est un élément indispensable.
Et évidemment nous avons la bataille climatique. Et là-dessus je le dis avec beaucoup de force, j’ai entendu beaucoup dire "j’ai des lignes rouges", il y a beaucoup de gens maintenant qui ne veulent plus signer des communiqués en G7 ou en G20 parce qu’il y a des lignes rouges, moi j’en ai une : si on ne parle pas de l’Accord de Paris et si pour se mettre d’accord dans une salle à 20 on n’est plus capable de défendre l’ambition climatique ce sera sans la France. C’est simple. Ce sera sans la France parce qu’on ne peut pas chez nous être sous la pression de notre jeunesse à juste titre, faire de plus en plus sur ce sujet, dire on a des débats très importants au niveau européen et quand on se retrouve à 20 dire “excusez-nous de vous demander pardon, nous avons vu que cela vous chagrinait qu’on ait les Accords de Paris, que la communauté internationale à l’exception de quelques-uns soit engagée…” Non. Si l’un ou l’autre ne veulent pas signer qu’ils se désignent eux-mêmes mais nous ne devons pas collectivement perdre de notre ambition ensemble. Et donc c’est cela que je porterai avec force et nous installerons ce faisant aussi ce que doit être le cœur de notre ambition. Croire au multilatéralisme ça n’est pas prendre le fardeau de ceux qui le font dysfonctionner, c’est dire comment on va faire avancer les choses plus avant. Et donc dès demain avec les entreprises présentes nous porterons aussi cet agenda que nous voulons porter ensuite au G7 en France et à l’Assemblée générale des Nations-Unies qui est de savoir comment nous pouvons collectivement inventer une nouvelle organisation collective, une nouvelle manière de produire qui soit socialement respectueuse et environnementalement respectueuse.
Le G7 français est un G7 qui devra lutter contre les inégalités, inégalités sociales et climatiques. Et donc je souhaite engager le maximum d’États qu’ils voudront bien et nous bâtirons le maximum de coalitions utiles. Si certains du G7 ne veulent pas suivre, nous irons en chercher ailleurs dans d’autres démocraties mais nous avons aussi besoin des entreprises, des investisseurs et c’est ce que nous avons commencé à lancer depuis l’année dernière dans le cadre du One Planet Summit avec un laboratoire qui s’est mis en place, plusieurs entreprises qui se sont mobilisées et je les remercie de leur présence avec l’initiative du B for IG en particulier et demain des entreprises japonaises joindront ce club et c’est cette volonté qui consiste à dire on peut produire différemment, on peut produire avec un véritable agenda social sur lequel on s’engage, on peut produire avec un agenda respectueux des droits humains et on peut produire en menant le combat contre le réchauffement climatique et pour la biodiversité et donc c’est un agenda qu’on va décliner, nous en tant que gouvernement mais qu’avec nos entreprises et avec les investisseurs, nous allons collectivement décliner et donc plusieurs groupes présents en particulier Danone qui est avec nous ici iront démarcher les entreprises japonaises qui se joindront à ce groupe, et à Biarritz, nous aurons cette coalition qui sera installée avec la volonté de la communauté internationale justement de pousser derrière et d’investir. Je veux que en marge du sommet des Nations unies, nous ayons un nouveau rendez-vous sur ce point. Et vous le voyez, en quelque sorte cette vision que nous nous portons c’est celle qui correspond à notre histoire. Nous croyons à la capacité de produire, d’innover. Nous sommes un grand pays de producteurs d’innovateurs dans tous les domaines. Qu’il s’agisse des métiers d’art à la gastronomie en passant par le numérique, les grandes industries traditionnelles qui se réinventent.
Mais nous avons toujours été conscients que cela ne pouvait se faire qu’avec des équilibres sociaux dans nos pays et équilibres planétaires. Et donc ce que nous avons à inventer, nous Français avec nos partenaires, ce n’est pas d’essayer de préserver le cadre d’un multilatéralisme ou d’un capitalisme qui vacille et qui est en train d’être perforé par ses propres tensions ou celles qu’il a généré, c’est de défendre une force productive qui est la nôtre, de savoir créer des emplois, développer notre influence, notre présence, notre force mais de le faire en inventant une grammaire nouvelle, celle des équilibres sociaux dans l’entreprise et dans nos pays comme nous l’avons fait avec la raison d’être Cher Jean-Dominique, ce que la France est en train de commencer à porter et que nous voulons décliner et de le faire sur le plan social et environnemental en engageant les entreprises, les investisseurs les gouvernements dans cette nouvelle dynamique. Voilà ce que je suis venu porter durant ce G20 mais ce que la France aura apporté dans ce G7 et donc il y a dans ce passage, si je puis dire au Japon aussi, un moment important d’explication de cet agenda et un moment aussi où nous voulons embarquer une partie de la communauté d’affaires et des entreprises dans cet agenda commun pour Biarritz, pour New York et dans ce que nous voulons faire parce que tout ce que je suis en train de vous dire, de ce que vous faites ici, de ce que je suis venu faire avec ces 3 grands axes bilatéraux indo-pacifiques et international, de ces réunions du G7 et du G20 où nous passons beaucoup de temps, c’est aussi ce qui est éminemment cohérent avec l’agenda que nous menons en France et en Europe et je conclurais en vous disant un mot du pays.
Ce que nous avons à faire, ce n’est pas simplement réparer, essayer de nous adapter au monde, de dire la France doit faire telle ou telle réforme, nous avons à inventer une nouvelle France. C’est ce que nous sommes en train de faire. C’est ce que nos concitoyens veulent. Partout en Europe, quand on regarde la situation politique/économique, nous avons des opinions publiques de plus en plus divisées, de plus en plus divisées entre des projets progressistes, démocrates avec des nuances, des discussions, des sensibilités mais c’est la réalité. Et des projets nationalistes certains très xénophobes et antisémites d’autres qui le masquent de plus en plus mais qui sont là, qui dirigent certains pays d’Europe, qui sont des partenaires de coalition dont de plus en plus d’autres et qui ont mis en tête, la France au premier chef, ces partis aux dernières européennes. Que ceux qui disent que ce clivage serait de circonstance regardent la réalité en face et la regardent pour notre pays la France depuis les dernières européennes. Depuis 2014, c’est ce qui se passe en France. La France dès 2014, avait placé en tête aux élections européennes le Front national. Alors, on ne voulait pas le voir c’est une réalité. Il ne s’agit pas de traiter ce problème de manière morale, il s’agit de dire comment on en est arrivé là. Nous avons été pendant trop longtemps trop peu efficaces ne menant pas les réformes qui étaient indispensables et nous installant dans un chômage de masse étant le seul grand pays de l’Europe à rester en chômage de masse pendant plus de 30 ans. Nous avons laissé la désindustrialisation se faire et au fond, nous n’avons pas reconstruit le projet collectif. Ce que je veux que nous conduisions pour le pays, ce que nous avons commencé à faire depuis 2 ans, ce n’est pas nous adapter au monde tel qu’il va, ce n’est pas ça le destin de la France. C’est d’être suffisamment leader pour inventer le monde tel qu’il est à se construire, le monde tel qu’il va, le monde des 20 dernières années. On n’a peut-être pas pris le maximum de ce qu’on pouvait prendre parce qu’on n’a pas fait toutes les réformes. Mais ce monde-là est en train de passer. Celui de la suraccumulation des dividendes et d’un capitalisme glouton, il a connu sa crise il y a 10 ans. On n’a pas su en tirer toutes les conséquences mais les conséquences démocratiques, sociales, elles sont en Europe dans la montée des populismes. Elles sont partout à travers le monde elles sont dans le Brexit, elles sont dans l’élection de Donald Trump, elles sont dans l’émergence des tensions partout. Donc, nous avons à inventer une nouvelle économie sociale de marché d’innovation qui répond aux défis climatiques et qui remet la créativité au cœur. C’est ça le défi du 21ème siècle. Moi j’ai une conviction profonde, c’est un défi français. C’est un défi français. Nous sommes un des pays les plus créatifs au monde, des plus inventifs. Nous sommes un pays qui a su à chaque fois être à l’avant-garde. Donc, il ne faut pas nous demander de nous adapter mais il faut nous donner collectivement les moyens de réussir dans le monde tel qu’il s’ouvre et donc ce 21ème siècle, c’est un 21ème siècle où il faut de la créativité dans tous les domaines et le succès ira aux créatifs. De l’industrie la plus classique aux industries dites justement culturelles et créatives, en passant par le champ politique lui-même ou la finance. Il faudra partout de la créativité, de l’art à la gastronomie et nous avons ces capacités et ces ressources et de c’est continuer à les former, à les sélectionner. C’est pour ça que nous avons tant investi sur la connaissance, l’éducation mais les porter pour déployer justement ce modèle d’attractivité et d’expansion française. Ensuite, il nous faudra répondre au défi climatique et donc partout, il nous faut être dans une logique d’adaptation, de transformation de nos modèles d’affaires comme des réponses qui sont les nôtres et là aussi, c’est de la créativité mais c’est comment on invente d’autres manières de financer et de prendre la part de responsabilité climatique et pour la biodiversité qui doit s’intégrer dans les modèles d’affaires, comment on s’alimente différemment, comment on construit un autre modèle agro-alimentaire, comment on transporte différemment et on repense nos chaînes logistiques, comment on crée différemment et on repense notre urbanisme et notre architecture dans nos pays. Il y a un potentiel de création là-aussi de richesses, d’emplois qui est absolument unique mais qui est au cœur du défi qui est le nôtre. Ce n’est pas un agenda de rattrapage. Et puis, ce monde ne pourra se construire que dans des équilibres sociaux et territoriaux. Nos sociétés explosent d’inégalités et donc nous avons à penser l’inclusion dans les entreprises et par les entreprises, par nos stratégies territoriales, la place que les entreprises prennent que les gouvernements se donnent. C’est ça que nous sommes en train de faire dans l’agenda de réformes qui est le nôtre. Et je vous donne à dessein cette vision qui peut paraître pour certains ironiques, c’est le cœur du projet. Ce que j’appelle le projet progressiste, c’est ça.
Comment on invente cette France nouvelle ? Par une série de transformations que nous sommes en train de faire en remettant l’éducation, l’investissement sur la personne, des mille premiers jours jusqu’au supérieur et au-delà madame la ministre et tout au long de la vie pour former. Ces sociétés sont des sociétés apprenantes tout au long de la vie. L’agenda français est d’abord un agenda éducatif. Ensuite, en remettant le travail au cœur parce que pour faire tout ça, pour financer aussi tout ce que j’évoquais, et bien il faut remettre tout le monde au travail, former ceux qui étaient loin du travail, responsabiliser ceux qui étaient parfois à ses marges et avoir un modèle suffisamment incitatif pour que le travail paye et que chacun retrouve sa place dans et par le travail. C’est l’ensemble de l’agenda mené depuis 2 ans et qui va se poursuivre à travers la réforme de l’assurance chômage et c’est ensuite créer un modèle inclusif tout au long de la vie. C’est la transformation que nous avons lancée avec le plan pauvreté, c’est ce que nous avons lancé avec la réforme des retraites et de la dépendance parce qu’il nous faut penser les nouveaux équilibres et les nouvelles solidarités, les nouvelles protections individuelles pour chacun. On a la protection santé, on est en train d’en réformer l’offre. On a la protection chômage, on l’a responsabilisé dans son financement. On est en train de la réformer. On a la protection retraites et dépendance, c’est celle-là qui sera, si je puis dire, mise sur l’établi à partir de la mi-juillet et qui sera un grand sujet de travail pour les mois à venir. Et donc vous voyez, l’agenda français c’est un agenda de transformation, de modernisation mais si je puis dire de re-création de ce que sont les grands équilibres à venir pour notre pays équilibres sociaux territoriaux et je crois qu’il faut le faire avec beaucoup d’ambition, beaucoup d’humanité en sortant aussi parfois des clivages ou des réactions auxquelles on s’était habitué. Moi, je l’ai souvent dit qu’on m’explique que la réforme de l’éducation qu’on mène est de droite ou de gauche. Si elle est bonne pour les gens et en particulier les plus modestes, je pense qu’elle est bonne pour le pays et qu’elle est progressiste et il en va de même pour chacun des chantiers que nous aurons à ouvrir. Il faut que ce soit efficace et juste à chaque fois parce que de toute façon, si c’est juste en étant inefficace, ça devient rapidement injuste pour quelqu’un parce qu’il a toujours quelqu’un qui paye et généralement l’inefficacité d’un modèle, son premier sacrifié, ce sont les plus jeunes ou les moins bien formés et un modèle injuste et efficace ne dure pas longtemps parce qu’il n’est plus soutenu. Voilà l’agenda français que nous allons continuer à poursuivre dans les prochaines semaines les prochains mois avec beaucoup de force, avec cette humanité, cette proximité que j’ai voulu pour l’acte 2 et donc avec aussi un travail d’explication permanente. Mais notre pays a besoin constamment de se redonner ce cap et de montrer qu’il ne s’adapte pas à des voisins mais qu’on est bien en train d’inventer quelque chose de nouveau. Comme je le disais pour ce qui est au cœur de l’agenda du G7 qui est le nôtre et c’est à cette condition que nous pourrons porter notre part dans l’agenda européen.
La France ne réussira pas s’il n’y a pas une Europe forte. C’est ce que je mène depuis 2 ans avec entrain. L’Europe, elle est percluse de divisions, de tensions. On le sait bien, de peur mais réussir face aux défis climatiques, migratoires, numériques, c’est réussir dans et par l’Europe. On aura une vraie stratégie, une vraie ambition climatique. Si on a un vrai marché du CO2 et une taxation aux frontières. On aura une vraie politique et une vraie réussite digitale avec des champions du numérique. Si on a un vrai marché unique intégré une vraie protection individuelle de nos données, une vraie capacité à investir dans les nouveaux modèles, on aura une Europe qui protège ses concitoyens. Si on a une Europe qui investit massivement dans un pacte avec l’Afrique, de développement et qui fait de manière commune protéger ses frontières et homogénéiser son droit d’asile. C’est par l’Europe qu’on luttera contre les peurs contemporaines et pas dans les divisions ou les replis nationalistes. D’abord il mène à la guerre et ils sont inefficaces parce qu’au fond, dans l’Europe, personne n’est véritablement une île et même ceux qui étaient des îles ont voulu oublier de l’être en s’intégrant dans le marché unique et ceux qui veulent parfois redevenir une île en pensant que c’était très simple voient toutes les turpitudes à quoi cela conduit. Nous avons besoin d’une Europe forte, plus démocratique, plus unie, plus souveraine et ça c’est l’agenda que la France continuera de mener dans les prochains mois et les prochaines années.
Voilà mes amis. Quelques mots que je voulais vous dire de vous et du rôle important que vous jouez ici et des remerciements que j’ai à votre égard et je connais bien cette communauté pour y être venu depuis plus de 10 ans dans toutes les conditions qui ont été les miennes. Même si c’est mon premier voyage comme Président.
Un mot de vous, un mot de ces quelques jours et un mot sur tout ce que nous sommes en train de faire en France, en Europe et dans notre agenda international. Pour ça, j’aurai besoin de vous constamment et je sais que la mobilisation qui est la vôtre chaque jour pour la France, pour l’amitié entre la France et le Japon mais aussi pour cette vision positive et ambitieuse du monde contemporain, j’en aurai besoin aujourd’hui et demain encore.
Donc, je compte sur vous.
Merci à vous.
Vive la France !
Vive le Japon !
Vive l’amitié entre le Japon et la France !
Vive la République et vive la France !
Voyage officiel et G20 au Japon (26-29.06.2019)
Au Japon pour consolider les liens avec le pays du soleil levant et porter la voix de la France au G20.
dernière modification le 03/07/2019
haut de la pageDans la même rubrique
- Journée mondiale des droits de l’homme - actions de la France au Japon
- Message de l’ambassadeur à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida
- Participation de Jean-Baptiste Lemoyne à la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20
- Cérémonie Verny-Oguri
- Cérémonie du souvenir et de commémoration du 11 novembre 1918